Reconnaissance de la profession, évolution du référentiel métier, nouvelles missions… Les 10 ans de Dircab ESR ont été l’occasion de dresser un bilan et d’ouvrir des perspectives pour la fonction de directeur de cabinet dans l’enseignement supérieur et la recherche. Retour sur le séminaire organisé le 27 juin dernier au centre ND87 de l’Université Paris-Panthéon-Assas.
Experts, dircabs et alumni ont retracé l’évolution de la fonction, encore rare il y a dix ans. Jean-Michel Jolion, professeur des universités et grand témoin du séminaire, rappelle : “Au départ, ces recrutements suscitaient l’incompréhension. Les directeurs de cabinet étaient surtout réservés au politique.” Avec la loi LRU, à mesure que la question stratégique s’est renforcée dans les établissements, la fonction s’est installée jusqu’à devenir essentielle aujourd’hui.
Serge Defois, fondateur de l’association, se souvient de sa création en 2013 : “Les dircabs étaient isolés. Nous voulions leur offrir un espace d’échange, de professionnalisation et de reconnaissance. Il fallait montrer que la direction de cabinet est un métier à part entière et un lieu de réflexion stratégique.” 10 ans plus tard, DircabESR est devenu le réseau professionnel des dircabs des l’ESR, avec une soixantaine de membres.
“La professionnalisation de la fonction de dircab est tout à la fois la cause et le résultat de la visibilité et de la reconnaissance croissantes dont bénéficie l’association elle-même. Tout ceci est le résultat d’un travail collectif, d’une implication de tous les membres. », souligne Bruno Péran actuel président de l’association.
Une fonction devenue incontournable
Dix ans plus tard, les objectifs d’origine semblent effectivement atteints. Pour Olivier Ginez, Directeur Général de l’Enseignement Supérieur et de l’Insertion professionnelle, “le dircab est un passeur, une courroie de transmission entre l’administratif et le politique. Il traduit la complexité des politiques nationales en les ancrant dans les réalités territoriales, notamment pour le développement de l’offre de formation.” Un pas décisif avait été franchi en 2021 avec la formalisation et l’adoption d’un référentiel métier, fruit d’un travail collectif (association Dircab ESR, CPU – ex FU – , CDEFI, MESRI, IGÉSR). Ce texte définissait les missions et responsabilités et posait les bases d’une reconnaissance institutionnelle. Depuis, le métier de dircab a pu intégrer le cycle de formation proposé par l’IH2EF. Les modules co-construits par l’IH2EF et le bureau de l’association, permettent d’accompagner les dircabs dans leur prise de fonction mais aussi sur certaines thématiques plus pointues. DircabESR est à présent bien identifié au sein de l’écosystème ESR comme le réseau professionnel des dircabs.
Vers un référentiel métier actualisé
Conçu pour cadrer l’exercice des fonctions, le référentiel est devenu un outil de recrutement pour les établissements et de positionnement pour les dircabs. Pour continuer de remplir son rôle et pour mieux refléter la dimension stratégique de la fonction le référentiel métier doit désormais être révisé et actualisé: relations partenariales, management d’équipes, dialogue social, RSE, relations internationales… Autant de missions qui n’y figurent pas encore, comme l’a révélé l’enquête DircabESR, menée en partenariat avec le cabinet de ressources humaines Fursac-Anselin. L’enjeu est d’éviter le risque d’un poste « couteau suisse », où les responsabilités s’accumulent sans cadre clair. Un référentiel enrichi doit à la fois légitimer la fonction auprès des présidences et donner aux professionnels un appui solide pour défendre leur place dans la gouvernance universitaire.
Autre sujet en réflexion : le statut des directrices et directeurs de cabinet de l’ESR. La diversité des parcours constitue une véritable richesse et l’absence de statut règlementé apporte une certaine souplesse appréciée dans les recrutements. “Cela ne doit pas se traduire par des difficultés dans la poursuite de carrière et générer une forme de précarité professionnelle”, ainsi que le souligne Bruno Péran, actuel président de l’association DircabESR.
Pour y remédier, il appelle à ouvrir un débat sur la mise en place de garanties minimales et propose par exemple que soit prévu un préavis de quelques mois en cas de changement d’équipe, de sorte que les dircabs puissent rester pleinement investis jusqu’à la fin du mandat et puissent ensuite disposer d’un peu de temps pour construire l’étape suivante de leur carrière. “Certains ont été remerciés du jour au lendemain après une élection. Il faut penser à mieux les protéger et les accompagner dans leur trajectoire professionnelle”, plaide-t-il.
Une fonction de plus en plus stratégique
La reconnaissance grandissante facilite cette réflexion. François Germinet, conseiller spécial du ministre, le constate : “Les universités sont désormais mieux armées sur les enjeux stratégiques. Les feuilles de route, auxquelles les dircabs contribuent largement, sont devenues essentielles pour travailler avec les partenaires locaux, nationaux et internationaux.” Selon lui, les prochaines échéances électorales accentueront encore le rôle clé de ces professionnels.
Dix ans après sa création, l’association poursuit son engagement en renforçant la visibilité et la reconnaissance des fonctions de dircabs, en travaillant à l’actualisation du référentiel métier et en avançant sur la question statutaire. Autant de chantiers qui confirment que la fonction de directeur de cabinet est désormais un pilier de la gouvernance universitaire. Et à travers son action, l’association DircabESR entend jouer tout son rôle pour faire face aux enjeux et porter les ambitions de l’ESR.